Les Experts versus Reality

J’aime les Experts.
J’aime aussi à peu près tout ce qui se situe dans ces eaux-là, comme Law & Order, Criminal Minds, Bones, Body of Proof, et j’en passe.
Qu’est-ce qu’ils sont fort les flics américains !!!

 Déjà, ils ont une densité policier/habitant assez impressionnante : rien qu’à New York on a « New York Police Judiciaire », « New York Unité Spéciale des Victimes », « New York Section Criminelle »,  « New York Cour de Justice », « CSI-Manhattan », « FBI : Portés Disparus » (hélas terminé), « Le monsieur de chez Castle » (un des rares que je n’aime pas), « NYPD Blues », « New York 911″…….

Un nombre impressionnant de membres des forces de l’ordre, dites donc ! En même temps, vu que chaque service se dédie à 100% à chaque affaire, avec ressources illimitées et compagnie (on y reviendra), ça reste à peu près crédible.

Ce qui est bien dans ce genre de séries, c’est que même si on sait pertinemment que rien n’est crédible, on a ENVIE que tout soit crédible : envie d’un système qui fonctionne, où les méchants se font attraper (sauf les méchants trop intelligents ou au grand coeur), où les policiers sont incorruptibles (ou, au contraire, complètement corrompus, mais au grand coeur), et des bisounours partout. Les flics font rêver, ouah !
Je ne sais pas si vous avez déjà été faire une déposition à la maréchaussée en France dernièrement, moi si (non, mauvaises langues, je n’ai agressé personne ! Mais si vous continuez vos sous-entendus ça va pas tarder…), toujours est-il qu’on se croirait au Tiers-Monde par rapport à nos amis les super cops.

Mais, dites-moi…nous mentirait-on ?

Dans les Experts, ce qu’il y a de bien :

– Les rapports balistiques prennent au maximum 12 minutes (hors nécessité scénaristique : compte à rebours, rebondissement attendu pas du tout prévisible…)

–  Chaque image, même en 120×200 pixels, pourra être repixelisée afin de rendre un contenu HD visualisable sur un écran 60″.

– Nos experts ont une super vue : ils retrouveront sans aucun problème LE poil de patte du tueur retrouvé en plein désert/rue de New York/loft de 500m², collé sur le dos d’une fourmi qui passait par là.

Une empreinte ADN sur la papatte de ce rat mort ? Ah bah ça ça tombe bien alors…

 

Point de restriction budgétaire, point de crise : hormis nécessité scénaristique, bien sûr, pour justifier le départ d’un des héros ou ajouter une pointe de tragédie à un monde déjà si cruel.
Preuve en est : le matériel toujours dernier cri avec de belles interfaces, matériel informatique extraordinaire pour…afficher un fichier excel ou une photo…
…éclairages designs, et le renouvellement des bureaux à chaque saison (dûs la plupart du temps à un criminel fou qui pète les vitres par exemple)(et les vitres pare-balles, les mecs ? non ?)

– Les tueurs sont, pour la plupart, complètement idiots : lors des poursuites dans un immeuble, ils montent à l’étage le plus haut, systématiquement (tellement plus facile pour s’enfuir), ils ne savent pas viser (sauf si on doit tuer un personnage, auquel cas une balle dans le bras causera une mort quasi instantanée), ils laissent des preuves accablantes (empreinte digitale à l’encre sur un reçu de CB posé sur le cadavre, numéro de téléphone, carte de visite…), ou ils ont la tête de l’emploi et un alibi pourri (« c’est pas moi, j’étais au cinéma »)

– Dans tous les cas, on trouvera toujours une preuve biologique : sang, bave, empreinte, photographie du tueur avec sa victime…

– D’ailleurs, l’ensemble de la population américaine est fiché. Ils doivent le faire à la naissance, sans doute.

– On se sent un peu comme dans Matrix, surtout avec les supeeeeerbes interfaces graphiques qui cherchent toutes seules les empreintes, traces, matériaux, et tout ceci sur plusieurs écrans, en simultané (des fois que sur un seul écran ça soit trop juste, ils ont toujours au moins deux écrans, avec strictement le même affichage, pour faire plus classe sans doute).

– Les héros sont des grands copains de Steve Jobs (Désolée, faut bien troller un peu. Mais en même temps c’est vrai et vérifiable. Le méchant a PC, ou pire ! Linux ! Mais le gentil a un iPhone et un iPad, et un MacBook)

Chaque enquêteur a son propre labo. Ou un technicien rien qu’à lui pour lui faire ses analyses : en trois à trente minutes (si il est mou) le résultat est là ! Fonctionne pour les empreintes, l’ADN, les rapports de toxicologie…

– Nos enquêteurs préférés sont aussi doués en analyse au spectromètre de masse, balistique, relevé d’empreintes, qu’en combat rapproché, tir à 300m, et champions du monde d’athlétisme. Si l’enquêteur est une femme, elle ressemble à ceci :

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90D, mais aussi docteur en sciences du comportement, experte en balistique, médaille d’or à Mâcon…

– Enquête -> Aveux du suspect -> Audience -> Jugement = en deux jours c’est plié.

Au niveau des personnages :

– Le héros policier n’a pas de vie de famille. Si il en a une, elle est obligatoirement chaotique, avec divorce, partage de la garde des enfants, et compagnie. Si il est marié, il trompe son conjoint avec un coéquipier/un suspect.

– Chaque journée compte 34h ou plus. Le super cop ne dort pas. Jamais. Dormir c’est pour les faibles.

– Si le héros a des enfants, deux options : soit sa progéniture font des apparitions de temps en temps pour faire joli et rappeler que le personnage est malgré tout un bon parent, soit un gros rebelZ qui donnera lieu à un épisode tout entier sur lui en milieu de saison (fugue, suspect dans une affaire de meurtre, témoin, etc.).

– Notre personnage préféré a toujours au choix : un lourd secret de famille, un passé douloureux, une énorme erreur professionnelle à cacher absolument sous peine de perdre son job et de mettre toute sa division en péril ou de devoir remettre des méchants en liberté, un vice, une addiction, un handicap…

– Ce secret/passé/erreur/etc. servira en temps utiles à créer : un regain d’intérêt à mi-saison/un gros cliffhanger/un double épisode/tout ça à la fois.

– Le personnage reçoit un appel sur son téléphone portable ? Il est donc entre 2 et 5h du matin, le héros doit se cacher et la sonnerie dévoile sa position, ou il est en pleine scène de ménage avec son conjoint/sa conjointe.

L’équipe de supers cops se compose (souvent) ainsi :

Le chef bourru, taciturne, mais bon et juste. Et au grand coeur. Important, le grand coeur. Il a obligatoirement un lourd secret inavouable, et des tas de manies toutes plus étranges les unes que les autres : collection de menottes à moumoute ou de girouettes en fer forgé, addiction au Flamby, albums photos de chaussures de femmes mortes…

Une bombasse intello/geek/championne de ju-jitsu. Oh oui, c’est réducteur. Mais en même temps, qu’est-ce qu’on remarque en premier chez elle, hein ? Son Master en Littérature danoise ou son bonnet E ? Hein ?

Un vrai nerd, avec la panoplie lunettes/cosplay de Star Wars/références obscures, avec des compétences de hacker digne des plus grands : il sait ce que c’est qu’un proxy, et il a des lunettes. Impressionnant.

Un playboy, beau, riche, intelligent et casse-cou, qui se met en danger à chaque épisode et qui finit par coucher avec la bombasse (aussi appelé « Syndrome DiNozzo). On a peur pour lui, on le trouve infect avec les nanas, il nous horripile au plus haut point, et pourtant, on l’aime bien. Les téléspectateurs mâles l’admirent, les téléspectatrices femelles sont charmées, les audiences sont bonnes, tout le monde est heureux.

Le Bleu : nouveau, maladroit, il enchaîne connerie sur connerie (détruire des preuves, marcher dans les flaques de sang, divulguer tout le dossier à la défense, insulter les témoins…), mais on l’aime bien quand même. Valable jusqu’à apparition d’un nouveau-nouveau, qui prendra le relais. Le nouveau se fait vanner en permanence, mais persiste jusqu’à se faire accepter, ou tuer en fin de saison (si les téléspectateurs n’arrivent pas, eux, à l’accepter).

Le garçon manqué (curieusement, rarement, rarement de super cops super efféminé. Je ne comprends pas). Le garçon manqué portera au moins une fois au cours de la série une petite robe noire époustouflante à l’occasion d’une soirée de gala, invitation au restaurant… Car on doit bien rappeler que oui, c’est une femme *mouvement de cheveux*.

Un pur rat de laboratoire passionné par d’obscures disciplines telles que l’étude du glapissement du renard mauve sud-africain, la croissance sub-terrestre du puceron équatorial, la tendinite du genou du gnou tacheté suédois…connaissances qui serviront à résoudre le meurtre sur lequel s’arrachent les cheveux tous ses confrères depuis des mois (Je sais pas pour vous mais moi le type qui arrive comme une fleur en me sortant une théorie fumeuse mais juste et vérifiable sur le mobile et l’identité du meurtrier alors que je cherche mes preuves depuis 3 ans, je le flingue)

Le médecin légiste, blasé, avec son assistant tout jeune et impressionnable. Le médecin légiste aime à faire des petites blagues à ses copains flics : faire sentir un oesophage qui a pourri 3 semaines dans un tonneau, percer un truc qui gicle du vert partout alors que tout le monde est penché sur le cadavre… Il possède également un « humour de légiste » bien particulier (« ah ah elle est morte de peur » – « ah ah je suis mort de rire »)

Le supérieur con. Le chef de la police, procureur général, maire, capitaine, et que sais-je encore, qui sera systématiquement contre tout ce que dira ou proposera le chef bourru et taciturne. Pour finalement se rendre compte à chaque fois que ce dernier à raison, mais n’apprenant jamais de ses erreur, car s’opposant de nouveau systématiquement à tout ce qu’il dira. Toujours dans le conflit, quoi, y’en a qui aiment ça…

Le planton de base. Multipliable à l’envi, le plan(c)ton servira de détecteur à booby trap, de première ligne dans les prises d’otage, et dans tous les cas, nous observons cette règle : si il a plus de deux mots de dialogues par épisode, c’est soit qu’il incarne le gros lourd, soit qu’il va mourir. Dans le cas contraire, on s’en fout, on s’en souviendra pas après le prochain clignement d’oeil. Ah. Vous voyez, j’avais raison !

Le lèche-cul hypocrite chiant comme la pluie. Il se dit qu’il faut coucher pour réussir, hélas, il n’a que des supérieurs masculins. Il leur astique donc abondamment les pompes à défaut d’autre chose (rho c’est mauvais, ça). Aussi appelé « syndrome du Schtroumpf à lunettes ».

La femme au foyer, conjointe d’un des héros : qui se pointe au bureau en pleine cellule de crise pour demander à son petit mari si ce soir il veut des lasagnes ou de la salade de riz, lui faire une scène car décidément, il n’est jamais là ce salaud, lui faire signer les papiers du divorce, lui annoncer qu’elle est enceinte, ou, plus rarement, qui arrive nue sous son imper juste pour mettre son mari en posture délicate. Curieusement, c’est toujours une femme. Même dans « The Closer » le mari a trop la classe.

Pour conclure

Finalement, c’est un peu comme dans Cold Case : chaque épisode est le même (si, regardez attentivement…). Les ficelles sont grosses comme les câbles d’ancrages du Golden Gate, les rebondissements très attendus, les personnages sont aussi variés que les repas servis aux prisonniers sibériens. Pourtant, on les aime. Je ne sais pas pour vous, mais ne pas réfléchir pendant 40 mn, moi, ça me repose le neurone.

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