Et pourtant je les aime nos petites baÿtes à poils, même que j’en élève trois.
Mais vous, amis des années 80…vous souvenez-vous de Téléchat ?
Pour nos amis les plus jeunes, ou pour nos lecteurs atteints d’amnésie traumatique : c’est quoi Téléchat ?
Créée par Roland Topor et Henri Xhonneux, Téléchat est une émission jeunesse diffusée dans les années 80 sur Antenne 2, qui reprenait le modèle d’un journal télévisé. Jusqu’ici, rien d’exceptionnellement traumatique. L’émission a même été récompensée à de multiples reprises en 84 et 85. Récompensée par des adultes consentants, et c’est là qu’est le drame, car si d’un point de vue adulte l’émission était originale et satirique, mes souvenirs d’enfance de téléchat sont bien différents. L’évocation même du mot « téléchat » et la chanson de Léguman suffisent à me sortir du lit la nuit (il est 3h du matin et je viens de me relever pour écrire cet article).
Ma grande question est surtout : comment nos parents nous laissaient-t-ils regarder téléchat d’un oeil bienveillant ? Pourquoi regardions-nous cette émission ?
Il faut dire qu’en ces années sombres, l’enfant moyen n’avait que 6 chaînes à sa disposition. Pour ma part j’ai connu téléchat lors de la première rediffusion en 1995 sur la cinquième (oui, l’émission a été rediffusée, et encore rediffusée dans les années 2000…). La télévision avait déjà cet effet hypnotique sur les enfants, et nous ne pouvions nous empêcher de regarder la télé dès que nous en avions l’occasion. C’est vrai, nous aurions pu trouver une activité de remplacement, comme la lecture, le jardinage, manger de la pâte à modeler ou tyranniser nos petits frères, mais NON, nous regardions quand même téléchat ! Probablement car cette émission précédait un des innombrables dessins animés de l’époque, tout aussi traumatisants cela dit. J’allais suggérer qu’il n’était pas étonnant que tous les trentenaires de ma connaissance soient névrosés, mais nos parents avaient Bonne Nuit les Petits, alors je m’abstiendrai.
M’enfin, me direz-vous, jeunes lecteurs innocents, qu’est-ce qu’elle avait cette émission ?
Je pense que pour ma part, le plus terrifiant c’étaient les objets qui parlent. Toute petite, je pensais probablement comme vous que mes peluches et mes petits poneys avaient une vie propre, dans un univers merveilleux et enchanté, vivaient plein d’aventures fantastiques et tout et tout. Mais imaginer qu’un fer à repasser, un micro ou une fourchette pouvaient penser et parler, ça avait un je ne sais quoi de malsain. Il faut dire aussi que l’aspect de la dire fourchette était pour le moins…
Non mais voilà quoi. Et ça bougeait en prime ! Est-ce l’aspect cadavérique de la peau, le fard à paupières ou le regard froid et vide de la demoiselle ?
Remarquez que ça marche aussi avec le fer à repasser :
Non mais bon quoi. Non seulement il a l’air d’avoir envie de se pendre (sans le pouvoir car il n’a pas de cou, ha ha ha…) mais il est affreusement laid avec ses deux mentons et ses yeux de tanche neurasthénique !
Mais comment voulez-vous parler dans un téléphone après ça ???
Un des pires ? Léguman bien sûr !
Je pense que la vidéo se suffit à elle-même. De quoi ne plus jamais vouloir manger de légumes durant des années.
Et pour finir :
Vous vous imaginez à la place de ce truc ? Avoir une unique oreille disproportionnée et recevoir les postillons d’un gros chat comme seule occupation ? Finalement c’était aussi peut-être ça qui m’a autant traumatisée : les objets non seulement parlaient, mais avaient une vie propre, comme Raymonde la Fourchette. Rangée dans son tiroir avec les autres couverts, ayant pour vocation de nous porter la nourriture à la bouche ? Nooooon, car fondatrice d’un fanclub visant à comparer le goût, la teneur en calories, et le degré de cuisson des gluons, Raymonde avait des hobbys, des passions, des accointances avec Sophie la Cuillère et j’en passe. Mais c’est terrifiant !!!
On est loin, très loin du merveilleux monde choupinet des Petits Poneys. Même Rémi sans Famille ou Princesse Sarah, aussi glauques soient-ils, nous permettaient de nous projeter dans quelque chose de plausible pour notre vie imaginaire. On était tous et toutes amoureux d’un personnage de dessin animé, on s’imaginait des pouvoirs magiques et des aventures rocambolesques où la justice et l’amour triomphaient, dans un univers plus ou moins cohérent. Et ils avaient des bras et des jambes !
Est-ce que vous pourriez vous projeter dans ça, vous ?
J’ai pas envie d’être un balai brosse, moi…
Il y a sûrement d’autres raisons à ce souvenir affreux que nous avons eu de téléchat : un univers violent et confus, qui nous rappelait le monde des « grands » et cette insécurité chronique qui va avec; Groucha finit par se faire virer pour être remplacé par un autre présentateur parachuté (injustice !), ils finissent à la rue avant d’être finalement recueillis par une autre grande marque. Léguman combat le crime et tabasse des mouches dans la chambre de bébé, pète un câble au marché ou dans la supérette du coin…
Même si Rémi sans Famille perdait tour à tour absolument tous ses amis, on restait dans de l’imaginaire, du loin de chez nous. Là, non, on est plongé dans une semi-réalité et dans un monde qui nous fascine (le monde des adultes) et nous terrifie (le monde des adultes). C’est pourquoi peut-être nos parents aimaient téléchat ?
Et puis les marionnettes m’ont toujours fait peur. Comme les clowns d’ailleurs. Mais c’est vrai ça, pourquoi nos parents nous emmenaient voir Guignol ?
Bon, je crois que je ne vais pas pousser le sadisme plus loin, j’ai déjà probablement réveillé suffisamment d’horreur pour aujourd’hui mouhahahaha.
PS : tiens, si, à propos de sadisme… Saviez-vous que les créateurs de téléchat avaient entres autres commis un film sur le Marquis de Sade ? Non ?
AAAAAAAAAAAAAH DES GLUONS! >_<
Comment ça me terrifiait ces saloperies !!
Remarque je me demande à quel point la tronche du téléphone n'est pas à l'origine de mon dégoût général pour l'appareil. Bah quoi? Z'avez envie de vous faire lécher le creux de l'oreille par cette tronche de déchiré au LSD, vous?
Brrrr…
Ah ! Téléchat ! J’essayai de ne jamais rater un épisode… Et s’il y en a un qui m’a vraiment traumatisé c’est celui avec les vampires… Pendant très longtemps j’ai eu des pointes de panique quand on était sur des routes dans les bois pendant la nuit en me souvenant du générique…
Brrr…
l’angoisse totale, remarque je supporte pas les marionnettes, les muppets autres rue sésame, mais ca c’était le paroxysme de l’angoisse