[Handicap] Les 10 phrases les plus terribles

Je vais bientôt fêter mes 20 ans de spondylarthrite (Champomy !), et je vous propose donc à cette occasion de vous partager les 10 phrases les plus débiles/méchantes/inconvenantes que j’entends encore régulièrement.

Cet article va me faire passer pour une sale ingrate à tous ceux qui me veulent du bien et qui ne pensent pas me faire mal en me disant ça, mais ça me semble également nécessaire de poser tout ça (je vous aime encore hein). Si vous avez déjà demandé à quelqu’un ce qu’il avait, je pense vraiment que ce n’est pas injurieux. Plus on communique, plus on sensibilise.

PS : n’hésitez pas à cliquer sur les images pour avoir le lien vers le tumblr/blog correspondant, ça vaut le coup.

Hey tu as quoi en fait ? (bis)

Je réponds volontiers à celle-ci. Mais quand la même personne me repose la même question encore et encore, j’ai vraiment envie de dire que Wikipedia est vraiment un site sympa où trouver pleiiiiiin d’infos sur toutes les pathologies existantes. Et non, décrire mes douleurs et mes incapacités sans cesse n’est pas super agréable même si, encore une fois, je n’ai pas de difficulté à en parler.

Hé ben ça ne se voit pas en tout cas.

Merci. Si, si, merci de m’inclure dans la catégorie des « humains normalement acceptables », ça me fait chaud au cœur. Ou pas. Même si cette phrase part probablement d’un bon sentiment, ça renvoie toujours au « mais en fait tu n’es pas TANT un monstre que ça, c’est cool ».

C’est mortel ton truc ?

Etant donné que la vie est une maladie mortelle, difficile de répondre à celle-ci ! Non, ma maladie n’est pas mortelle (et j’ai grave de la chance d’ailleurs), et on peut toujours se faire la bise, promis je suis pas contagieuse.

Oh la vache ça doit faire mal.

A celle-là en général je raconte par le menu mes insomnies dues à mes ankyloses nocturnes, ma vie avec une canne, l’arthrite dans les doigts, et je continue jusqu’à ce que mon interlocuteur se lasse.

Un handicap est (merci Wikipedia) :

Le terme handicap désigne la limitation des possibilités d’interaction d’un individu avec son environnement, causée par une déficience provoquant une incapacité, permanente ou non, menant à un stress et à des difficultés morales, intellectuelles, sociales et/ou physiques.

Le terme de handicap renvoie également aux difficultés de la personne handicapée face à son environnement en termes d’accessibilité, d’expression, de compréhension ou d’appréhension. Il s’agit autant d’une notion sociale que d’une notion médicale. Ces limitations d’activité et de participation restent variables selon les contextes nationaux ou sociétaux.

Un handicap engendre de la souffrance. Pour moi qui ai un handicap physique, j’éprouve aussi souvent de la souffrance psychique en voyant mon corps partir en capilotade petit à petit. Et la douleur rend fou.

Donc oui, ça fait mal. Un handicap fait toujours mal. Toujours.

Oh ma pauvre…

Ça peut sembler affreusement paradoxal et ingrat, mais les gens qui me plaignent en permanence me rendent tristes. Oui je suis malade, oui je vais mal, je sais. Mais quand tu me demandes « Ça va aujourd’hui ? Pas trop de douleurs ? » ça me renvoie à la maladie en permanence. Et non, ça ne va pas, et oui j’ai mal. Mais comme j’ai un super skill pour faire semblant, invariablement je te répondrai que tout va bien.

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Tu sais ma mamie/soeur/radiesthésiste à trouvé une super recette à base de plante/homéopathie/tisanes, tu devrait essayer !

Très franchement. Tu crois que je n’ai jamais tenté la tisane/plante/cataplasme d’endives cuites ? J’ai TOUT tenté. Et si certaines alternatives m’ont soulagée, un peu, malheureusement dans maladie incurable il y a le mot INCURABLE.

Pourtant je suis versée dans l’aromathérapie et pas mal de médecines parallèles (je me suis arrêtée aux offrandes à la lune toutes les nuits à 23h47 enroulée dans du jambon parce que le ridicule m’arrête quand même un peu), et j’utilise souvent des remèdes naturels. Pour une grippe. Pour une sinusite. Pour me faire des masques sur la tronche. Pour me masser les jambes.

Mais dire que ça guérit l’incurable, à mon avis, c’est Lourdes ou rien. Mais Lourdes c’est loin et je ne suis même pas baptisée donc bon. Plus sérieusement : toutes ces médecines naturelles ont bel et bien leur place dans la pharmacopée, et nombreux seraient les bénéfices si elles étaient plus répandues et intégrées. En revanche, pour soigner des pathologies graves, on est pas au point les enfants. Nope nope nope nope nope.

Tu ne devrais pas prendre toutes ces pilules, c’est mauvais pour toi.

Celle-ci a le don de m’horripiler. Elle va de pair avec « mais tu sais les anti-dépresseurs c’est pas bien » ou « le Xanax ne résoud rien ». Merci de ces informations bien utiles, c’est vrai que des années de pratique ne m’ont rien appris du tout, pas plus que la lecture des notices des médicaments en question.

Vivre avec un pilulier c’est vrai que c’est un peu pénible. Mais toujours moins pénible qu’oublier de prendre ses médicaments avant d’aller bosser. On croit souvent que les gens sous médicaments, de préférences lourds et avec effets secondaires conséquents, sont « faibles » et surtout qu’il faut les sauver d’eux-même. Comme les gros, tiens…je pense que je tiens là un bon parallèle.

Et en plus, on sait bien que le corps médical est à la botte des lobbys de l’industrie pharmaceutique et ont tous eu leur diplôme dans une pochette surprise. Encore un complot judéo-maçonnique !!!

Ho, ça à l’air d’aller, là, je pense que tu exagères un peu.

C’est marrant, mais les personnes handicapées que je connais préfèrent vivre une vie la plus normale le plus longtemps possible, d’une part pour éviter toutes ces questions débiles, mais aussi pour faire partie de ce qui nous est justement inaccessible : la normalité.

Donc oui, on fait semblant. Mais on ne fait pas semblant d’aller mal, on fait semblant de ne pas être malades. C’est une subtile différence, je sais.

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Tu es sûre d’avoir cette pathologie ? Tu as consulté ?

Non, crétin, j’ai pas consulté, seuls l’auto-diagnostic et la lecture de Doctissimo m’ont permis de soutenir mon dossier d’ALD et d’avoir ma RQTH (Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé).

Les examens médicaux c’est pour les faibles de toutes façons. Et d’ailleurs j’achète les pilules que tu détestes tant à Jean-Nuisible, le dealer d’en face du Monoprix.

Oh ça va, j’en ai marre, tu ne fais que te plaindre et parler de ça.

Celle là arrive souvent quand on explique (plus ou moins gentiment) que notre état implique un certain nombre de limitations, comme par exemple aller à un concert dans la fosse, déménager Marie-Loutre, ou faire 8h de shopping sans pouvoir s’asseoir.

On es limité, on l’explique, et BIM, on est un boulet. Non, je ne suis pas « marrante » car tout me prend un temps fou à planifier, anticiper, et aussi à décliner des invitations (cf article précédent)

Il est nécessaire pour nous de parler de la maladie. On a besoin de s’ouvrir au monde, de partager, informer, sensibiliser également. Ça nous fait du bien, moralement, et nous avons besoin d’être soutenu-e-s.

Maintenant si tu ne veux pas entendre ça, c’est simple, y’a une fonction « unsubscribe » IRL qui s’appelle fermer sa gueule et fréquenter uniquement des valides. Tu vas voir c’est facile, vu qu’en général ces saletés d’handicapés sont détectables assez rapidement.

Sur ces bonnes paroles, je vous laisse, mes monstres qui domineront bientôt le monde ont la dalle. Saloperies.

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