Pourquoi la Zététique ?

La zététique est définie comme « l’art du doute » par Henri Broch. La zététique est présentée comme « l’étude rationnelle des phénomènes présentés comme paranormaux, des pseudosciences et des thérapies étranges ». La zététique est destinée aux théories scientifiquement réfutables, c’est-à-dire respectant le critère de discrimination de Popper (1902-1994). De fait, contrairement aux autres mouvements sceptiques, elle ne pose pas la question des religions et des croyances non réfutables. Son objectif est la mise à l’épreuve d’énoncés pourvus de sens et de nature scientifique (c’est-à-dire réfutables selon Popper) dont les explications ne semblent pouvoir se rattacher à aucune théorie communément acceptée.

La zététique se réclame aussi du scepticisme scientifique, et plus généralement de la démarche de doute cartésien qu’elle décrit comme nécessaire en science comme en philosophie. Elle se veut, pour reprendre le mot du biologiste Jean Rostand, une « hygiène préventive du jugement ». (Wikipedia)

La Zététique, c’est l’art du doute.

On pense souvent à tort que les zététiciens sont des sceptiques refusant de croire à tout prix. Si l’idée de « croyance » est en effet à combattre, la zététique n’est pas un refus aveugle à toute forme de croyance. Au contraire, elle cherche surtout le fondement de ces croyances.

Exemple : Je crois qu’il est très probable qu’il existe une vie ailleurs dans l’Univers. Statistiquement parlant, il est en effet possible que cette affirmation soit fondée. Pourtant, je ne crois pas aux OVNI. Pourquoi ?

Parce que si l’existence de vie dans l’univers est statistiquement probable, rien n’indique que cette vie soit semblable à celle qui nous est familière (deux bras, deux jambes, un cerveau). D’une part, sur notre planète, l’existence de Homo Sapiens est ultra-récente au vu de l’échelle de temps géologique.

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Notre existence propre nous ramène à notre statut insignifiant de poussière céleste, du même type que celle que je viens de voir se déposer sur mon bureau que je viens pourtant de passer 5 bonnes minutes à nettoyer (vous savez, LA poussière de merde qui vous fait soupirer après une séance de ménage intensive, et vous plonger dans une contemplation déprimante de la répétition éternelle du cycle Swiffer/Bordel).

D’autre part, il est possible que la vie dans l’Ailleurs soit réduit à une vie unicellulaire, loin de nos chers Aliens possédants une technologie de pointe nous apportant au choix annihilation totale de l’espèce humaine ou au contraire sauvegarde de notre espèce.

Je trouve d’ailleurs ces croyances bien pratiques. Bah oui, soit on va tous mourir et on renforce cette idée d’Étranger = Mal et la peur de l’inconnu, soit on vit dans l’espoir que notre gestion calamiteuse de nos ressources naturelles trouve une réponse Ailleurs, donc pourquoi se prendre la tête, hein, ça se réglera tout seul, donc autant continuer à utiliser les énergies fossiles comme de gros sagouins (Hollywood, merde).

L’idée même de vaisseaux OVNI en reconnaissance me fait plutôt penser à du pain béni pour complotistes en tout genre… On nous cache tout, on nous dit rien.

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Oui mais I want to believe !

C’est ce que la zététique m’a apporté. Je VEUX croire. En la spiritualité humaine, en la vie ailleurs, en plein d’autres choses. Je crois d’ailleurs en pas mal de trucs, mais contrairement à mes jeunes années où la lecture du Troisième Oeil de Lobsang Rampa me plongeait dans une euphorie crédule, je sais aujourd’hui douter, poser des questions, chercher plus loin, ailleurs. J’ai lu énormément de livres de ce type, plus jeune. Mes nombreuses lectures sur les sorcières m’ont d’ailleurs permis de me bâtir des connaissances historiques intéressantes. Mes lectures sur l’histoire de la religion en général m’ont fascinée. Mes lectures sur la spiritualité m’ont même ouvert aux neurosciences, à la psychiatrie.

Plutôt que de croire aveuglément au Saint Papier qui fait de l’insatiable lectrice que je suis une cible facile, je sais maintenant lire et adopter une position critique face à une raisonnement, aussi séduisant soit-il.

J’ai découvert la zététique il y a maintenant une dizaine d’années, alors que je cherchais justement des infos sur mes livres de prédilection, grâce à ma première connexion internet 56k à domicile. Déception ? Non. Au contraire. Je ne saurai vous décrire l’enthousiasme qui m’animait à ce moment-là. Ainsi, on pouvait réfléchir par soi-même et cesser de gober les insanités vendues en librairie.

J’ai ensuite glissé vers la naturopathie et toute la branche des médecines alternatives, au moment où ma maladie a été diagnostiquée. Je voulais croire à tout prix que 5CH de Calendula allaient me guérir miraculeusement. Et j’ai à peu près tout essayé, aveuglément. Sans retomber dans mes vieux travers crédules, mais en me disant que je pouvais toujours essayer, que ça ne me ferait pas de mal. Nul mal ne me fut fait, nulle guérison miraculeuse non plus. Je suis sortie de ma torpeur, secoué la tête et adopté de nouveau cette position critique.

En allant plus loin dans mes recherches, j’ai pu apprendre que si beaucoup de plantes et remèdes alternatifs étaient efficaces, je n’allais pas guérir comme ça. Pour mes rhumes et autres affections de tous les jours, en revanche, mes différentes expérimentations ont été fructueuses. Et oui, j’ai toujours une réserve d’huiles essentielles à la maison, du citron, du bicarbonate de soude et du vinaigre.

Mais je suis aujourd’hui furieuse quand je lis que des pseudos-médecins se font un fric dingue sur les gros ou les malades incurables. J’ai un profond respect pour David Servan-Schreiber, mais ses livres « anti-cancer » me foutent les boules. Le cancer tue des millions de gens, et tue aussi ceux qui mangent du brocoli tous les jours. Une discipline alimentaire nous apporte un meilleur confort de vie, protège nos artères, réduit notre taux de cholestérol, mais ne guérit pas le cancer, bon sang !

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Et Dieu alors ?

C’est paradoxal mais je crois. Je suis plutôt agnostique dans les faits, et je crois. Je crois aussi en l’évolution, la biologie, la physique. Je pense juste que la spiritualité nous amène à un respect de la vie en elle-même. Fascinée par le « hasard » de notre évolution qui m’amène aujourd’hui à taper ces mots sur un clavier, à penser, agir, marcher, je n’en reste pas moins convaincue que penser à une forme d’élévation par l’esprit a de nombreux côtés positifs.

Je ne suis pas baptisée, je ne prie pas, mais parfois je me rends dans des églises vides pour fermer les yeux et réfléchir. Je n’attends rien de Dieu ou du Grand Tout ou que sais-je encore. Ma vie m’appartient, mes choix également. Je veux penser et agir en pleine conscience de moi, et surtout du monde qui m’entoure. Ma vision de la spiritualité est un peu particulière, mais m’apporte un apaisement vital dans certaines situations, me libère d’anxiétés, et me donne confiance dans la vie. C’est tout, et ça ne va pas beaucoup plus loin. Et je sais pertinemment qu’il s’agit d’un simple conditionnement volontaire !

La Religion™ quand à elle me laisse plus dubitative au vu des extrémismes qu’elle engendre, et ça, pas besoin de vous faire un dessin.

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Mais on nous cache tout, tu sais bien !

Les conspirationnistes m’amuseraient volontiers s’ils ne propageaient pas autant d’idées dangereuses. Le problème ici c’est qu’on utilise des arguments à priori scientifiques pour nous vendre de la peur à l’état pur. Ou des bouquins et des kits de survie pour préparer la fin du monde.

La zététique permet là aussi d’apporter une vision critique, hyper-efficace quand il s’agit de debunker des pseudo-chercheurs ès Pyramides des Atlantes Intersidéraux. Et ça c’est bon.

La reprise de la théorie du complot par des mouvements politiques bizarrement souvent d’extrême droite me fait, elle, froid dans le dos.

Et puis prêter de super-pouvoir aux gouvernements me fait quand même doucement rigoler quand on voit le bordel pour adopter des lois…Le Grand Méchant Gouvernement, admettons, mais qui ? Pourquoi ? Comment ? Dans les fait, hein, pas dans vos esprits perturbés.

Les accointances entre lobbyisme et politique sont réelles, oui. Pourquoi perdre votre temps et le mien en cherchant des causes Cosmiques à la dégénérescence d’un système corrompu jusqu’à l’os alors que la réponse n’est paaaaaaaaaas si compliquée à trouver finalement ?

Bah ouais, parce que la réalité est moins fun. Quand on est dans le secret des dieux du complot, on se sent informé, important, mieux que notre idiot de voisin qui refuse d’ouvrir les yeux et sortir de sa « bien-pensance ». C’est vendeur, ça marche bien, mais je ne suis pas du tout sûre que les revenus engrangés par les complotistes en chef servent à améliorer notre système…enfin d’dis ça…

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La zététique, c’est tout ça

La zététique, c’est chercher plus loin que les écrits dogmatiques souvent bien argumentés pour l’œil peu averti. Chercher à comprendre, à savoir, à apprendre aussi, beaucoup. Parce que tout ce qui est écrit n’est pas vrai, parce que beaucoup de discours séduisants sont fondés sur du rien, parce que beaucoup de pseudo-sciences sont dangereuses et les dérives sectaires nombreuses.

La zététique n’est pas croire en rien, c’est refuser de croire pour croire.

PS : j’en ai profité pour ajouter une catégorie « zététque » sur les liens à droite de cet article. Si vous avez d’autres liens, je suis preneuse.

11 Commentaires

  • Le gros problème que je rencontre depuis que je m’intéresse à la zététique, c’est qu’il n’y a pas grand chose de démontré dans les différents thèmes abordés.

    J’ai l’impression de me farcir du Grimault ou du Steiner.

    Quand les mecs veulent contre-argumenter, ils te balancent un lien internet sur une étude scientifique quelconque dans la gueule et pis voilà, ça prouve qu’ils z’ont trop raison.

    Y a un pb sur la méthodologie employée.

    Par ailleurs et mon expérience bien qu’écourtée sur le groupe francophone FB me l’a bien montré, les réseaux sociaux ne se prêtent pas du tout à une étude sérieuse des sujets abordés, quand les sujets eux-même ne sont pas super mal définis en soi (très souvent le mec qui le propose donne son opinion en même temps, mode ironie voire gros foutage de gueule on, ce qui n’est pas acceptable en terme de neutralité : il y a tentative claire et net d’influencer l’opinion des débatteurs avant même que le débat ne commence).

    On assiste du coup à des débats évasifs où a raison celui qui est le plus bath dans sa façon d’ironiser, et qui tournent fatalement au crêpage de chignon entre 6 pelés 3 tondus, façon cour d’école ; quand il y a modération dans ce genre de cas, la cour d’école se déplace sur un autre débat, ou même carrément par MP/message anonyme vers blog/ etc. ce qui ressemble beaucoup plus à du harcèlement pour convaincre que l’autre est un âne, qu’une véritable forme d’argumentation.

    Chuis en train de tester la zététique version anglophone, on va voir si c’est aussi bourrin que la version francophone (ça m’a l’air aussi mal parti).

    • Heureusement qu’il y a d’autres ressources dans les interouèbes (et ailleurs), oui 🙂

      J’ai lu pas mal de critiques à l’emporte-pièce sur des sujets pourtant intéressants, mais, en même temps, c’est l’un des gros soucis de la « communication » facebookienne. En ce moment ma jauge de zénitude est suffisamment remplie pour zapper les non-arguments et lire les trucs intéressants, oui je sais, la chance !

      Et j’ai aussi eu la chance de rencontrer des personnes bien *wink wink* pour en parler en off.

      En fait c’est strictement le même problème avec les groupes féministes, si tu réfléchis bien. Bien à petites doses, moins bien quand on a le nez dedans en permanence (et c’est aussi pour ça que je change de sujet d’écriture régulièrement.).

      Bref. Je suis là si tu veux causer, tu sais bien <3

      • Oui, c’est le même problème quelque soit le thème qu’on aborde : les réseaux sociaux, c’est avant tout fait pour exprimer une opinion (encore que… Il paraît qu’il faut l’exprimer que si elle est PO-SI-TI-VE // phénomène du liking) donc c’est logique que la zététique n’échappe pas au cliché. Mais enfin ils m’ont quand même bien hallucinés, les cocos zététitiens de FB. ^^ Même les gripoo se sont montré moins fermés qu’eux et ne m’ont pas bannie de leurs pages officielles, c’est quand même bien trippant.

        C’est une des raisons pour lesquelles je ne fréquente que relativement peu FB, instagram, twitter, etc.

        C’est conçu pour manipuler des opinions, pas pour démontrer des choses.

        J’en parlais l’autre jour dans un mail pour Irna : internet ce n’est pas tellement fait pour le savoir. Dès que tu écris des trucs trop long, les gens décrochent, il faut avoir recours à des expédients pour garder leur attentions jusqu’au bout, genre un style incisif, ou des images… Du coup c’est impossible d’écrire des trucs universitaires sur le net. (et à lire, c’est encore plus chiant, d’ailleurs ; je lis tous les écrits scientifiques / sérieux dont j’ai besoin en livre, ou en impression papier (quand je peux imprimer ; si ça fait plus de 25 pages, vaut mieux le l’acheter, ou contacter l’auteur pour un prêt d’exemplaire, ça revient moins cher)

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